Pendant des années, la médecine alternative a suivi une démarche symptomatique, comme la médecine allopathique, pour traiter les dépendances. Par exemple : valériane et sassafras contre le tabac, principes amers contre l’alcool, passiflore et aubépine devant les troubles du sommeil ou les variations d’humeur. Et pourtant, d’autres réponses sont possibles.
Relancer les fonctions de base Des plantes pour relancer les fonctions physiologiques de base de l’organisme : les fonctions digestives, urinaires et respiratoires ainsi que l’équilibre acido-basique.
Pour la digestion et le système urinaire, on pourra par exemple faire préparer chez son herboriste la formule suivante :
Souci (calice), genêt (fleur), polypode (rhizome), asperge (racine), pissenlit (racine) : 10 g de chaque.
Grémil (plante), prêle (plante), aspérule odorante (plante), réglisse (racine) : 20 g de chaque.
Deux cuillérées à soupe pour un litre, infuser 10 mn. Boire dans la journée. On pourra alterner une semaine sur deux avec une autre formule : Verge d’or (plante), arénaria (plante), busserole (plante), salsepareille (racine), aunée (racine), framboisier (feuille), bucchu (feuille) : - 10 g de chaque. Réglisse (racine) : 30 g Même mode d’emploi que la première.
Pour soutenir la fonction respiratoire, on fera appel à des plantes comme le lierre terrestre (Glechoma hederacea), le plantain (Plantago major) ou l’aunée (Inula helenium). Enfin, l’équilibre acido-basique demande une réforme alimentaire qu’on complètera avec la prise de fécule de kudzu
Consommer des pré-biotiques et des pro-biotiques. Avec les ferments lactiques (proposés par de nombreux laboratoires), on n’oubliera pas d’inclure les pré-biotiques, ces fameuses fibres qui servent de nourriture et de fixateur à la flore intestinale qu’il faut fortifier ou régénérer. Il s’agit des oligo-fructo-saccharides, ou encore de l’inuline, une fibre que l’on trouve dans les racines de l’aunée (Inula helenium) et de la chicorée (Chicorium intybus). Leur absorption sous forme de poudre est recommandée en priorité.
Employer des plantes aux propriétés adaptogènes.
Elles sont l’élément clé pour le sevrage et leur emploi est résumé dans le tableau ci-contre. Elles agissent, chacune à sa façon, sur les déséquilibres nerveux. En cherchant à fortifier ou à régulariser l’activité nerveuse, elles entraînent aussi un effet de bien-être, souvent de façon durable. Parmi la cinquantaine de plantes aux vertus adaptogènes, voici les plus pertinentes face aux dépendances :
le ginseng (Panax ginseng),
l’éleuthérocoque (Eleutherococcus senticosus),
la schizandra (Schizandra chinensis),
l’ashwagandha (Withania somnifera),
l’aunée (Inula helenium),
la gomphrena (Gomphrena officinalis),
le millepertuis (Hypericum perforatum),
l’astragale (Astragalus membranaceus),
la rhodiola (Rhodiola rosea),
et surtout le kudzu (Pueraria lobata).
Le kudzu, on ne pouvait que l’imaginer, la nature l’a fait… Le kudzu est une plante d’origine asiatique. Elle est utilisée traditionnellement au Japon et en Chine. C’est une plante grimpante de la même famille botanique que le haricot que l’on surnomme la vigne kudzu, car elle est capable de recouvrir en un temps record des arbres ou des maisons entières qui lui servent involontairement de support.
Depuis plus de 1000 ans, les Chinois utilisent sa racine et ses feuilles pour favoriser le sevrage alcoolique. C’est à partir de ces données traditionnelles que des chercheurs ont confirmé, par des tests comportementaux sur des rats de laboratoires, son grand intérêt face à la dépendance alcoolique. Le kudzu possède bien d’autres vertus. Sa composition chimique est complexe.
des isoflavones (la daïdzine, la puerarine et la génistéine) responsables de nombreuses propriétés, notamment les troubles de la ménopause et de l’ostéoporose qui y est associée. La génistéine se retrouve aussi dans le soja.
des saponosides aux vertus hépato-protectrices et préventives des lésions cellulaires.
des puérosides A et B, glucosides très particuliers, ainsi que des protéines, des glucides, calcium et phosphore (si utiles pour le système nerveux), enfin la kasseïne, responsable de vertus décontractantes nerveuses.
Le kudzu se présente sous deux formes :
- la poudre de racine, obtenue par pulvérisation des racines séchées après récolte. Elles sont riches en fibres et en oligo-éléments (voir le carnet d'adresse).
- la fécule, obtenue par broyage dans l’eau, filtration puis séchage des racines. Elle est utilisée comme liant en cuisine. En thérapeutiques, elle présente des vertus plus atténuées que la racine brute, mais un effet plus rapide lors d’une prise. Elle est riche en bases alcalines et explique son effet tampon face à des terrains en acidose.
Au Japon, en médecine Kampo, le kudzu est utilisé comme régulateur des cycles féminins, correcteur des troubles de la ménopause et protecteur du tissu nerveux. En Chine, on l’utilise couramment contre les méfaits de l’alcool. Des travaux sont conduits dans des universités de Caroline du Nord pour prouver que les constituants du kudzu augmentent les « opioïdes » naturels du cerveau (la fameuse dopamine). Et d’expliquer les performances du kudzu sur les comportements addictifs en général.
Les grands principes du sevrage
Le sevrage repose sur plusieurs principes qui se complètent :
Éviter la rechute : il faut tout faire pour réussir dès la première fois ! En effet, les échecs répétés du sevrage tabagique, par exemple, seraient nocifs pour la fonction pulmonaire : d’après une étude suédoise portant sur 1 116 hommes et femmes dont la fonction respiratoire a été suivie pendant dix ans, cette fonction chute respectivement de 0,1 % chez ceux qui se sont arrêtés de fumer et n’ont pas recommencé, de 3 % chez ceux qui n’ont jamais cessé de fumer et de 5 % chez ceux qui ont arrêté plus d’un an mais qui ont repris. L’explication avancée serait qu’il se créerait chez le fumeur une forme de résistance pulmonaire à la fumée de la cigarette qui disparaîtrait avec le sevrage.
Ne pas culpabiliser en cas d'échec : vouloir mettre fin à sa dépendance est un engagement qui, même pris avec le plus grand sérieux, est parsemé d’embûches. Un échec est à tout moment possible. Il faut le considérer comme l’occasion de renforcer sa volonté. L’échec est alors comme une marche un peu plus haute que les autres. Toutes les personnes dépendantes que j’ai pu suivre ont pu me témoigner de la facilité rencontrée lors de la reprise d’un sevrage. Comme si les points marqués par les efforts précédents étaient cumulés pour l’avenir.
Combler les carences : on choisira dans les gammes proposées dans les boutiques de produits naturels des complexes couvrant l’ensemble des besoins journaliers, riches en vitamines, oligo-éléments et anti-oxydants. On pourra utiliser, par exemple, en complément, la spiruline à raison de 2 à 3 g /jour.
Conjuguer d’autres effets bénéfiques : en plus du kudzu et d’un traitement sédatif nerveux, il faut avoir recours à l’acupuncture par pose de deux aiguilles sur le point précis de la vésicule biliaire (point Chiapi), technique qui, à elle seule, permet à 70 % des personnes traitées de ne plus fumer. Ou à l’auriculothérapie qui donne d’aussi bons résultats. Voire à l’hypnothérapie.
En aucun cas les informations et conseils proposés ici ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un médecin ou un professionnel de santé, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé.
Je suis formée et spécialisée dans les troubles addictifs et je propose un accompagnement au sevrage, doux et adapté a chacun.
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